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NAPLES MON AMOUR

Là où il y a la mer et un vent parfois si fort, voir un type sur une vieille terrasse qui embrasse une fille aux yeux verts semble en effet possible...

Paradoxe de la ville, elle porte le nom de "Nouvelle". Celle qui se relève chaque fois et qui va devenir d'ici quelques jours championne d'Italie, scudetto in tasca e in memoria a Maradona!

La Camorra s'en réjouit et les locaux flirtent avec la loterie. Ici ça gueule, ça klaxonne, ça pue la merde, ça vole, ça tue, ça circule pas, la mer refoule les migrants exploités dans les bas-fonds que même les miséreux refusent de toucher, ça frime, ça bouffe de partout et les espagnols ne regretteraient certainement pas de s'être fait foutu dehors.

Le christ est vetu du plus délicat des linceuls, l'art cotoie les crânes le jour et Le Caravage ténébreux illumine de son génie les églises bourées de ceux qui croient fort. Ou encore. Ou alors qui n'ont plus que cela pour croire. La dévotion touche plus souvent ceux pour qui l'épreuve est proche que les nantis aux lendemains certains.

Je suis certain que de disparaître à Naples est possible. Au sens premier comme au sens figuré. Naples vous gifle de cette urgence de vivre, no bullshit, juste suffisament fort pour en perdre l'équilibre. Les sens sont en fusions et le Vésuve éteinds s'installe dans les esprits de chacun. L'âme bouillonne et est en alerte constante. Perte de repères, perte de valeurs, sortie de route du confort.

Les sens prennent la baffe en pleine poire. La tomate, le basilic, le citron, la pasta, le melanzane fresche et la marée du jour jonglent avec les caniveaux remplis de pisse et de trippes abandonnées par des carabiniers dépassés et obsolètes.

Il n'y a pas de règles. Plus. Pourtant...

Pourtant la vie est là.

Naples est la ville que je déteste le plus au monde et sans aucun doute, qui devant toutes les autres, celle que je préfère. J'avoue ici une sincère schyzophrénie. Mais quand nos villes s'aseptisent et rassurent les consommateurs par désormais des quartiers biens cloisonnés et des prétextes de bonheurs pour tous, Naples ne s'est pas prostituée à nos portefeuilles...

Elle est LA pute... Cette dame la plus élégante et la plus digne, même sur ces trottoirs éventrés.

Elle te cueuille par les trippes, ne te lâche pas un instant et si tu sais être attentif alors elle te frappe par sa grâce, sa beauté et son humanité que seule une dame de sa trampe sait encore proposer.

Au détour de la rue "spaccanapoli" un sourire, une femme aux cheveux noirs et aux yeux turquoises, un christ et un autel, un palmier, l'odeur d'une pasta fresca, des mots qui parlent d'amour et de caruzissimo, des ces nuits in America, une ruelle étroite au fond de laquelle on apercoit la mer et Capri et un homme qui devant l'horizon vétu d'une liquette blanche un peu sale croit encore que la vie lui donnera des joies infinies.

Naples transpire d'un soleil unique et la mer réunis les scéptiques. Tutto passa si dice qua...

A Naples tout est possible.

A Naples on se perd et si on accepte de remettre un peu de côté nos repères rassurants, si on accepte un peu de se trouver ridicules et grossiers dans nos vies de privilégies alors dans les jardins du Castel Nuovo ou en bas des marches proche de la mer à Marechiaro Caruso recommencera son chant.

Ti voglio bene assaje-

A presto amore.

N.Ambrosetti
Napoli avril 2023

Nicolas Ambrosetti
N. Ambrosetti
April 25, 2023
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