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REGULAR EDITION

CHER ECRAN / N. AMBROSETTI

N. AMBROSETTI
Savourer l’histoire et contempler dans le regard ému, cette larme heureuse, contenant à elle seule l’ensemble des souvenirs. Mais aussi se conforter dans l’idée de partir. Partir : se confronter à soi-même, hors du nid, découvrir qui l’on est, savoir regarder dans une direction proposée par celui qui vous accueille, arpenter ces rues inondées de soleils qui se lèvent un peu plus tôt et qui ne se couchent que lorsque le jour est déjà fêté chez soi…

Ami de la finance très souvent derrière l'écran ,

Une foule de sentiments impatients se bouscule dans mon esprit, cherchant à prendre place dans ces lignes pour vous obliger, cher ami, à partir… par-delà votre écran à  indices : beyond the screen.

A peut-être redonner un élan à votre métier et à voir, derrière les chiffres, ces grandes terres de notre planète qui vous nourrissent. Il m’appartient de définir une heureuse sélection pour ne pas perdre tout le monde en route et surtout calmer cette impatiente attente.

Donner une direction à ce chemin qui nous portera vers l’été,vers la mer et les grandes attentes d’un nouveau départ. Profitons de prendre la route qu’il nous semble bon de suivre, de nous égarer dans les prairies et les chemins à bicyclette, d’aller à la rencontre de ceux qui sont à la racine de vos fonds et indices.

Puis, à l’heure du retour, prenons le temps de nous retrouver, de raconter et de parler avec des gestes neufs… Y avoir été… et raconter à ceux qui y participent l’histoire de ces produits investis.

Savourer l’histoire et contempler dans le regard ému, cette larme heureuse, contenant à elle seule l’ensemble des souvenirs. Mais aussi se conforter dans l’idée de partir. Partir : se confronter à soi-même, hors du nid, découvrir qui l’on est, savoir regarder dans une direction proposée par celui qui vous accueille, arpenter ces rues inondées de soleils qui se lèvent un peu plus tôt et qui ne se couchent que lorsque le jour est déjà fêté chez soi…

Mon métier oblige l’étude des atlas, des magazines, des cartes et des destinations. Cependant sortir du virtuel est une obligation sans alternative... J’avais décidé, un matin d’été, d’enfourcher ma bicyclette et de m’en aller découvrir la chapelle de Ronchamp en partant de Genève, comme on découvre un trésor, avec l’impatience emportée d’un enfant. De me donner plus de deux cents kilomètres pour sentir monter en moi la foi, la faim et d’arriver comme ces pèlerins, nus devant le ciel.

Contre toute attente, les derniers mètres furent les plus durs, certainement parce qu'ils sont les plus attendus. Dans cette folle aventure, j’avais comme seule obsession celle d’atteindre mon but ; et j’y allais non pas par croyance, mais poussé par le seul désir de découverte d'un site signé "Le Corbusier", et qui me faisait de l'œil depuis longtemps.

Ce n’est qu’une fois arrivé dans la chapelle, les fesses posées sur un banc, que la signification de mon chemin a pris forme. Mon corps entier fut réchauffé par un bonheur indicible. Je ne pouvais être plus proche du monde, tout en étant si détaché de toute contrainte construite sur celui-ci

Mon intrusion profane dans la chapelle fut célébrée par ce sentiment de faire partie de la vie et de l’aimer. Alors, peut-être pour la seule ou rare fois de ma vie, j’avouai ressentir un peu de foi au travers des murs qui m’hébergeaient. Ce n'est qu'après avoir pris congé des anges que je retrouvai un peu de lucidité et que je pris conscience du lieu. Quels illuminés avaient bien pu donner carte blanche à ce fou de Corbu ?

Quoi qu’en ait été la raison, le résultat reste déconcertant. Je ne sais ce qui, malgré l’étonnante esthétique du bâtiment, suscite un tel émerveillement, mais il y règne un petit bout de perfection que l’on croise trop rarement au cours de nos vies. Perfection qui devait depuis là-haut s’imposer au souvenir de ceux qui se souviennent, et s'offrir en entier à ceux qui sont encore à la recherche de sens.

Dès lors, si mon excursion avait eu un sens, la réponse s’était offerte à moi, toute seule, au travers de cette nouvelle prise de conscience de notre monde. A travers cette cavale estivale, j’avais moi aussi mon instant…au-delà de mes écrans…

Précipitons-nous alors dans ces nouveaux destins, retrouver des « routes » qui nous donneront peut-être l’occasion de redécouvrirl e sens même de nos passions.

Cher banquier privé, il me semble, laissez-moi le bénéfice du doute, que votre métier est en réelle mutation et que nos clients aussi. On aimerait aller au-delà des chiffres et des résultats. Une chose me semble néanmoins certaine : une route, c’est toujours le début d’une histoire, d’un échange, d’une aventure et d’une certaine complicité, qui ne se vendent et ne s’achètent pas,mais qui, en privé, doivent bien valoir tout l’or de nos mondes.

De la Terre à la Mer, retrouvons les couleurs, et par les soirs bleus d’été, foulons l’herbe menue, laissons le vent baigner nos têtes nues,et assistons aux ébats des anges.

Partir et trouver ceux qui savent vivre encore en paix. Quant àmoi, et puisque la route fut belle, je dédie ces quelques lignes à ma complicedu moment, you’re every line, you’re every word,you’re everything, you’re every minute of my everyday.

Nicolas Ambrosetti
Market Magazine, Août 2010

Nicolas Ambrosetti
Daniel Mihn
September 15, 2021
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